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03oct.

Le Cloud en France : Un Marché Concentré et Verrouillé, les Recommandations de l'Autorité de la Concurrence

Le Cloud en France : Un Marché Concentré et Verrouillé, les Recommandations de l'Autorité de la Concurrence

Le secteur du cloud computing en France est en pleine effervescence, enregistrant une croissance continue de son chiffre d'affaires, qui a atteint près de 16 milliards d'euros en 2021. Selon les prévisions du cabinet Markess, cette croissance devrait se maintenir, avec une hausse moyenne de 14 % par an, plaçant le marché au-delà des 27 milliards d'euros en 2025. Cette expansion rapide présente une opportunité significative pour l'écosystème français, mais derrière ces chiffres prometteurs se cache une réalité préoccupante.

Le rapport publié par l'Autorité de la Concurrence en juin dernier a jeté une lumière crue sur le fonctionnement du marché du cloud en France et les mécanismes qui ont contribué à une concentration excessive. L'un des constats les plus flagrants est que trois géants du numérique, à savoir Amazon, Microsoft et Google, captent la majeure partie de la croissance du cloud public dans le pays. Ces entreprises disposent d'avantages concurrentiels significatifs par rapport à leurs homologues français ou européens, en grande partie grâce à leur puissance financière considérable. 

  

Cette puissance financière leur permet de financer les investissements massifs nécessaires pour maintenir et développer leurs activités dans le secteur du cloud. Ils bénéficient également d'économies d'échelle, d'une gamme étendue de services et d'une base de clientèle massive qui génère des effets de réseau considérables. En 2021, Amazon et Microsoft ont respectivement capturé 46 % et 17 % des revenus des services d'infrastructure en tant que service (IaaS) et de plateforme en tant que service (PaaS). Avec l'ajout de Google, ces trois leaders ont ainsi accaparé 80 % de la croissance des dépenses en infrastructures et en applications de services cloud public en France. 

  

La question qui se pose désormais est de savoir comment réintroduire une compétition plus équitable dans ce marché fortement concentré. L'Autorité de la Concurrence exprime des doutes quant à la possibilité d'un nouvel entrant de perturber ce leadership, estimant que pour réussir, il devrait déjà être puissant sur d'autres marchés numériques. Cette situation est renforcée par le fait que les entreprises préfèrent les hyperscalers pour leurs migrations vers le cloud en raison de l'écosystème complet qu'ils proposent. 

  

L'Autorité de la Concurrence identifie également plusieurs pratiques problématiques dans le secteur du cloud. Deux d'entre elles retiennent particulièrement l'attention : les crédits cloud et les frais de transfert sortants, également connus sous le nom d'"egressfees". Les crédits cloud sont couramment utilisés par les hyperscalers pour attirer les start-ups en réduisant les coûts initiaux, ce qui stimule l'adoption de leurs produits. Cependant, l'Autorité soulève des inquiétudes quant à la viabilité de cette pratique pour l'ensemble des fournisseurs, car les crédits peuvent atteindre des montants élevés et être valables sur une longue période. De plus, les coûts associés au développement d'une architecture cloud rendent difficile une migration vers un autre fournisseur, créant ainsi un risque de verrouillage par les géants du marché. 

  

Les "egressfees", ces frais appliqués aux transferts de données sortantes, suscitent également des préoccupations. L'Autorité de la Concurrence estime que ces frais peuvent être déconnectés des coûts réels supportés par les fournisseurs, ce qui les rend potentiellement injustes. Ces frais pourraient entraîner un verrouillage des clients, les empêchant de quitter leur fournisseur initial ou de recourir à plusieurs fournisseurs dans un environnement multicloud. 

  

Outre ces problèmes, l'Autorité de la Concurrence souligne que la concentration du marché renforce la position des fournisseurs en place, ce qui limite la marge de négociation des clients et favorise le "vendorlocking". Les clients se retrouvent ainsi moins autonomes et ont moins de choix pour leurs solutions cloud. 

  

Le rapport de l'Autorité de la Concurrence identifie également d'autres risques liés à divers scénarios d'adoption du cloud, notamment la migration initiale d'un système d'information vers le cloud et le transfert d'un fournisseur à un autre. Dans ces cas, des pratiques restrictives et des obstacles techniques peuvent compliquer ces démarches, favorisant ainsi les fournisseurs déjà établis. 

  

Pour répondre à ces préoccupations, l'Autorité de la Concurrence explore différentes options. Elle peut recourir aux outils classiques du droit de la concurrence, tels que la lutte contre les abus de position dominante et les ententes illicites. Cependant, elle indique également qu'elle peut activer d'autres mécanismes, notamment le droit des pratiques restrictives de concurrence et le droit des ententes, pour contrer les accords sur le marché qui pourraient être contestés. 

  

De plus, les alliances ou partenariats technologiques entre intégrateurs et fournisseurs de services cloud sont également susceptibles d'être examinés à la lumière des règles anti-ententes. Enfin, l'Autorité souligne que les initiatives visant à créer de nouvelles entités, telles que le "cloud de confiance", pourraient soulever des préoccupations de concurrence. 

  

Pour remédier à ces problèmes, l'Autorité de la Concurrence appelle à une plus grande participation des hyperscalers au développement de standards techniques communs, notamment à travers des initiatives telles que Gaia-X. Elle salue également les efforts européens, tels que le Digital MarketsAct (DMA) et le Data Act, ainsi que les initiatives nationales visant à réguler l'espace numérique en France. 

  

En conclusion, l'Autorité de la Concurrence considère que l'examen approfondi de ces problèmes est essentiel pour préserver l'innovation et minimiser les coûts dans un secteur qui est un moteur important de la croissance économique. Bien que des enquêtes contentieuses puissent être ouvertes à l'avenir, l'Autorité reste pour l'instant en phase d'analyse des risques et des défaillances du marché.

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